La « Nouvelle Algérie » serait-elle un projet trop ambitieux?
Ça y est ! Le président Tebboune est rentré au pays et la « Nouvelle Algérie » peut maintenant quitter le quai en direction du « Bon port » ou « بر الأمان » promis depuis les événements du Hirak. Voici en effet un an que les autorités promettent aux Algériens une nouvelle « ère » épargnée des maux de la corruption et de la Hogra et il est temps maintenant de se pencher sur un projet qui se veut ambitieux. Concrètement, à quoi les Algériens doivent-ils s’attendre? Est-ce qu’une « Nouvelle Algérie » est possible dans un environnement où on parle encore de « détenus d’opinion »? Tout d’abord, il est aujourd’hui presque certain que la « Nouvelle Algérie » sera une Algérie débarrassée des prédateurs et de la prédation à grande échelle qui a caractérisé les dernières années du règne de Bouteflika.
Le parasitage des finances publiques par une classe de capitalistes sauvages est une expérience que l’Algérie ne peut plus se permettre étant donné le marasme causé par la chute des prix du pétrole. Mais les responsables peuvent-ils sérieusement parler d’un décollage économique basé sur la petite entreprise et les start-up dans un environnement où la jeunesse est marginalisée, et que dire des systèmes bancaire et financier aujourd’hui à l’état primitif? Par ailleurs, les Algériens, qui ont donné tant de sacrifices pour leur liberté d’expression, accepteront-ils une « Nouvelle Algérie » où une critique maladroite risque de les mener en prison? Le projet d’une Algérie nouvelle est une ambition qu’il n’est pas interdit d’avoir, mais les Algériens ne sont plus des enfants et ils mesurent, eux aussi, l’ampleur du chemin qu’il reste à parcourir.
(Crédits photo: Arslane Bestaoui/SIPA)