L’absence de Tebboune déséquilibre-t-elle l’armée?
L’équilibre des forces parmi les officiers les plus influents au sein de l’armée est de plus en plus difficile à tenir et les clans qui se sont opposés pendant la période du Hirak reprennent leurs manœuvres, après une légère accalmie durant les premiers mois de l’élection de Tebboune. Le président est en effet parvenu à convaincre les différents responsables de l’institution militaire de sa volonté d’unir et d’apaiser les tensions, mais son absence du pays a réveillé les incertitudes mais aussi les ambitions. C’est ainsi qu’on a organisé le retour au pays du général à la retraite Khaled Nezzar, pourtant condamné à 20 ans de prison au même titre que Mohamed « Toufik » Mediene, qui se trouverait quant à lui en dehors de la prison militaire pour de supposés problèmes de santé. Ces événements interviennent au lendemain d’importants développements survenus dans le dossier du Sahara occidental.
Il semblerait que l’état-major n’ait pas encore réussi à obtenir l’unanimité parmi les responsables les plus importants de la hiérarchie concernant la position à adopter vis-à-vis de la politique marocaine et de l’implication irritante de la France dans la région. Faut-il rappeler que le défunt Gaid Salah s’était entouré d’un état-major relativement démissionnaire concernant la question du Sahara occidental et ouvertement pro-émirati. L’arrivée de Tebboune au pouvoir a précipité la fin de l’ère Gaid Salah et a sorti de nombreux officiers de la marginalisation, des officiers plus conservateurs concernant les dogmes de l’ANP principalement concernant les questions de souveraineté et de décolonisation. Reste à savoir si la reconfiguration en cours au sein de la colonne vertébrale de l’État se déroulera sans accroc en cette période marquée par de nombreuses incertitudes.