Sansal, Daoud : La Chute!
Comment expliquer les événements récents qui ont touché deux des plus grands noms de la littérature algérienne de langue française? D’un côté, le public littéraire algérien a pu observer ce qui est un peu considéré maintenant comme une trahison sans scrupule de la part d’un personnage qui fut jusque-là respecté dans les milieux francophones et littéraires algériens. Kamel Daoud est en effet accusé, pour son dernier roman, d’avoir largement puisé dans l’histoire dramatique d’une victime de la Décennie noire, tout cela sans le consentement de cette dernière. La personne concernée, une femme, aurait été une patiente de l’épouse psychiatre de l’écrivain, ce qui pose la question du respect ou non du secret médical. L’affaire est désormais entre les mains de la justice. De l’autre côté se trouve un écrivain à la réputation
déjà bien écorchée mais qui a réussi cette fois à commettre l’erreur qu’il cherchait peut-être à commettre depuis longtemps étant donné son rapprochement de longue date avec d’obscurs cercles d’extrême droite français. Boualem Sansal se trouverait en effet actuellement en détention pour avoir déclaré, dans un média d’extrême droite français, que tout l’ouest algérien, de Tlemcen à Mascara, était marocain avant la colonisation… Cette déclaration est si ignorante de l’histoire de la région qu’elle en est surprenante, surtout de la part d’un écrivain censé montrer plus de culture, étant l’écrivain algérien ayant reçu le plus de prix littéraires de l’histoire de la littérature algérienne. Triste fin pour les deux écrivains qui ont définitivement épuisé leur crédit auprès d’une scène littéraire algérienne en plein révolution.
(crédits photo : François Bouchon/Le Figaro)